Eh bien, le PUC se réunit toujours en visio, une fois l’an au printemps, pendant quelques demi-journées. Il comporte une dizaine de membres issus majoritairement de pays d’Europe (Croatie, France, Grèce, Lituanie, Portugal, Slovénie) mais aussi de Russie et d’Iran, et une représentante d’OCLC. La présidente, Gordana Mazić, est slovène. La France est représentée par Héloïse Lecomte (Abes), en tant que pilote du Comité français UNIMARC (CfU).
La France, moteur des évolutions du format UNIMARC
Que se passe-t-il lors des réunions annuelles du PUC ? On y débat des évolutions du format d’échange proposées par les membres du comité, et on y suit les autres projets de l’IFLA impliquant le format UNIMARC.
Notons que, depuis 2020, la France est le seul pays à avoir fait des propositions d’évolution du format. Cette année, par exemple :
- Une proposition française a abouti à la validation d’un ensemble important de zones dédiées au catalogage en UNIMARC/B des monnaies et médailles, présentées une première fois lors des réunions du PUC 2022 par Florence Tfibel (BnF). Un guide de bonnes pratiques préparé par nos collègues de la BnF devrait être publié sur le site de l’IFLA pour accompagner ces nouvelles zones, l’ensemble étant attendu pour cet automne.
- La discussion sur la généralisation d’une sous-zone dédiée aux URI a abouti, sur la base de propositions françaises formulées dans un discussion paper en 2022 : la « sous-zone de contrôle » $3 (comprenez : sous-zone applicable de la même façon dans tout le format) permettra dorénavant d’enregistrer des URI pointant vers des descriptions d’entités, et plus seulement des identifiants système. C’est une étape supplémentaire vers des données liées.
- La France a également présenté 15 propositions d’évolution allant de la définition d’un référentiel à la création d’une nouvelle sous-zone ou zone, pour améliorer le format UNIMARC dédié au catalogage entités-relations (« UNIMARC ER », parfois aussi appelé « UNIMARC-LRM »). Des manques ou incohérences avaient en effet été constatés par le groupe de travail qui a créé et publié fin 2022 un jeu de notices OEMI en UNIMARC ER sur la plate-forme Zenodo du programme Transition bibliographique.
- 6 de ces propositions ont été acceptées,
- 9 doivent être retravaillées et seront débattues de nouveau lors d’une réunion de suivi.
Pendant ce temps, les collègues slovènes travaillent sur la prochaine édition complète des manuels UNIMARC A et B, qui sera disponible intégralement et gratuitement en ligne, et certains membres du PUC participent à des groupes de travail sur la création d’une ontologie pour l’UNIMARC/A (celle pour l’UNIMARC/B existe déjà), ou sur l’évolution de l’ISBD dans un contexte de catalogage par entités, conforme au modèle LRM.
Que fait la communauté UNIMARC internationale ?
De fait, depuis plus de 10 ans, la France est le seul pays à travailler à des évolutions en profondeur du format UNIMARC afin qu’il puisse être utilisé pour échanger des données modélisées en entités-relations, suivant le modèle FRBR puis IFLA-LRM
Voir à ce sujet la présentation « Décrire les œuvres et les expressions : les évolutions de l’UNIMARC » (5e journée professionnelle « Métadonnées en bibliothèques » du 4 décembre 2020), disponible en ligne : https://www.transition-bibliographique.fr/systemes-et-donnees/5e-journee-professionnelle-metadonnees-en-bibliotheques-du-4-decembre-2020/
C’est le sens du travail mené sur le format UNIMARC ER, avec évidemment les critiques constructives des autres membres du PUC, qui ont amélioré d’année en année les propositions apportées par la France.
Mais en dehors de quelques échanges au sein du Committee on Standards (CoS, tutelle du PUC au sein de l’IFLA), de présentations régulières dans le contexte de la journée annuelle EURIG (European RDA Interest Group) ou d’un webinaire de l’IFLA, le format UNIMARC ER n’est pas, à ce stade, un projet partagé au niveau international.
Au niveau français, le CfU travaille à mettre en valeur les zones dédiées au catalogage entités-relations dans les manuels du format UNIMARC disponibles sur le site web Transition bibliographique.
Lors des Journées Abes de mai dernier, l’intervention de Maurits van der Graaf au sujet des implications pratiques de la transition bibliographique dans l’ESR laisse à penser qu’il n’a pas identifié de pays ou d’institution qui se serait emparé d’Unimarc ER dans le cadre d’un projet de transition bibliographique en cours.
Dans ce contexte, la présidente slovène du PUC a accepté de prolonger son mandat d’une année, mais elle arrive en fin de carrière, et la question de sa succession se pose. Aucun pays n’a manifesté pour l’instant d’intérêt pour ce rôle.
L’horizon pour discuter avec l’ensemble de la communauté UNIMARC de l’avenir du format, c’est l’organisation, l’année prochaine, d’une réunion des utilisateurs d’UNIMARC. Cette réunion – dénommée « UNIMARC Users’ Group Meeting » – qui a eu lieu régulièrement depuis que l’UNIMARC existe, devrait être organisée en marge de la réunion du PUC au printemps 2024. Il faut espérer que l’IFLA, à travers le Committee on Standards (CoS), s’y implique réellement et propose une vision de l’avenir de l’UNIMARC dans un monde de données liées et de forte concurrence des standards.
Concevoir l’après MARC
En effet, la tendance de fond qui se dessine est plutôt celle d’une sortie des formats MARC à l’échelle mondiale. Celle-ci est déjà amorcée et, selon Maurits van der Graaf, pourrait être terminée à l’horizon 2040. Le modèle dominant, notamment dans les pays utilisateurs du MARC21, est de mettre en place une diffusion de leurs données en linked data, selon le modèle et vocabulaire entités-relations BIBFRAME. Ce modèle, qui a connu un fort développement depuis quelques années et semble se rapprocher progressivement des standards internationaux que sont RDA et IFLA-LRM, est considéré dans nombre de pays comme le successeur du MARC, à la fois pour la production et pour l’échange de données. Des SGB de nouvelle génération, le plus souvent basés sur une double interface MARC21 et BIBFRAME, exploitant le plein potentiel des linked data pour mettre en place de nouveaux services pour les usagers professionnels et finaux, commencent à être commercialisés.
Une nouvelle instance, le « BIBFRAME Interoperability group », a été mise en place en 2022 sous l’égide du programme coopératif de catalogage américain (PCC) et traite notamment de ces sujets. Voir « BIBFRAME Interoperability Group » (BIBFRAME Workshop in Europe 2022), disponible en ligne : https://www.casalini.it/bfwe2022/web_content/2022/presentations/picknally_li.pdf
Du côté de la communauté UNIMARC, la demande d’avancer ensemble vers BIBFRAME commence à émerger au sein du PUC. Conversion BIBFRAME-UNIMARC, échange de pratiques dans le cadre de projets, intégration à l’active communauté BIBFRAME afin de soutenir notamment le rapprochement avec le modèle IFLA-LRM : ce sont autant de pistes que la communauté UNIMARC pourrait vouloir explorer afin d’avancer vers l’après MARC.